Il y a des murs qui protègent et des murs qui enferment.
Lorsque j’étais adolescente, j’ai détesté les murs de la pension qui protégeaient ma vie de petite fille mais qui bornaient aussi mon espace. C’est là, sans doute que mon désir d’évasion s’est traduit, à mon insu et pour toute ma vie, en rêves de liberté.
Pendant l’occupation nazie en France, nous étions des milliers de jeunes opprimés, séquestrés et silencieux qui rêvions notre avenir dans une Europe sans frontière où chacun se reconnaîtrait selon sa culture et sa langue, en attachement et fidélité au territoire qui l’a vu naître : nous rêvions d’une Europe des peuples.
C’est à cette période que j’ai compris que les murs les plus contraignants et les plus violents ne sont pas les murs de béton, de pierre ou de fer mais ceux qu’une quelconque dictature vous force à porter en vous-mêmes : le mur de l’intolérance et l’apartheid, celui de l’argent, celui du mépris…
J’ai compris plus tard que pour lutter contre les murs qui séparent qui enferment et qui isolent, il faut commencer par abattre les préjugés que nous portons en nous et ne jamais retenir l’élan qui nous pousse vers l’autre.
Les murs que nous portons en nous-mêmes permettent parfois de supporter les contradictions de la vie, de ne pas voir en face ce qui nous dérange ; mais ils nous isolent du monde, nous rendent indifférent à l’autre, sceptique et hypocrite. Ils nous apportent le confort égoïste d’exister pour soi mais nous privent de la frénésie de la rencontre altruiste source unique de richesse intellectuelle. Ils désignent arbitrairement la place sociale qui nous échoit, ils développement chez certains
Nul ne peut prétendre à une absolue liberté, mais, ce qui compte c’est l’effort qu’il faut consentir pour y parvenir. Pour moi cet effort doit être essentiellement investi dans le champ de la politique et permettre d’abattre les murs que l’histoire des peuples érige en permanence sur les débris des murs précédents. Les murs changent de nature, ils se dématérialisent avec le « progrès » mais ils séparent et isolent toujours les mêmes : les pauvres, les immigrants, les SDF, les ignorants, les peuples autochtones et les cultures minoritaires, les rêveurs et les poètes, les amoureux de la vie et ceux de
Une pâquerette est une pâquerette et se reconnaît comme telle sur la rive droite ou la rive gauche du Rhin…