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Les murs entre ici et ailleurs

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Un enfant meurt de faim toute les 5 secondes. 30 milliards de dollars par an suffiraient  pour y mettre un terme. Avec les 1 050 milliards de dollars  débloqués lors du plan de sauvetage des banques, la France et les Etats-Unis auraient pu, à eux seuls, éradiquer la faim sur la planète pendant 35 ans ! S'il ne s'agit pas d'impliquer, par quelques raccourcis trop rapides, les banques dans cette tragédie, on peut quand même s'interroger sur le classement de nos indifférences. Le même montant est consacré chaque année à l’achat d’armes dans le monde.

Pour produire 50 litres d’agro-éthanol pour une voiture américaine, il faut brûler 358 kilos de maïs qui suffiraient à faire vivre un enfant mexicain pendant une année. De nos jours, plus d'un tiers de l'humanité soit plus de 2 milliards d'habitants survivent avec moins de 5 litres d'eau par jour pendant qu’un habitant de Sydney en consomme quotidiennement plus de 1000 litres. Plus d’un milliard d’hommes vivent dans des bidonvilles,100 millions d’enfants ne vont pas à l ‘école et 300 000 sont des soldats....Et la liste est encore très très très longue.

Entre l’égoïsme des plus jeunes révélé récemment dans certaines enquêtes et « le mal aux autres » de certains humanitaires pas forcément toujours nobélisables, n’y aurait-il pas la place d’entrevoir une autre façon d’envisager un quotidien moins enfermé entre ces murs de l’inconscience universelle érigés par chacun et entretenus par tous ?

Comprendra-t’on enfin que l’accès au bonheur du plus égoïste d’entre-nous, passe forcément par le bien-être de son voisin ? Et de l’Asie au continent américain en passant par l’Europe et l’Afrique, le développement des moyens de communication à fini par faire de chaque terrien notre voisin. Aujourd’hui plus aucun drame humain ne peut être considéré comme lointain, même l’Afghanistan longtemps caché à des milliers de kilomètres derrière les murs de notre insouciance a fini par s’inviter dans notre histoire. L’humanité est une et indivisible.

Imaginons quelques secondes que parmi les 219 lycéennes enlevées par Boko Haram et dont on reste sans nouvelle depuis deux ans ou les 1500 femmes et enfants disparus dans les mêmes conditions à Gwoza entre novembre 2014 et février 2015,  l'un ou l'une des otages soit français ou française, américain ou américaine, australien ou australienne.... Comment serait vécu l'inconcevable silence de nos médias sur le sujet? N'aura-t'il pas fallu attendre que les Talibans détruisent en mars 2001 les Boudhas de Bâmiyân pour assister à l'éveil timide de quelques rédactions enfin décidées à évoquer les exactions du régime Taliban déjà responsable de la mort de centaines de milliers de civils afghans. Avant le 11 septembre 2001 combien de journalistes s'étaient rendus à Kaboul? Et si une star de la chanson ou du grand écran s'y était intéressée comme cela s'est passé aux Etats-Unis pour le Darfour? Les radios et télévisions se seraient certainement empressées de faire tourner en boucle quelques séquences pour un plein d'émotion. Le Président Chirac se serait alors, à quelques mois des élections, précipité pour faire une photo de famille avec le commandant Massoud venu à Paris en avril 2001 pour nous avertir une ènième fois de ce qui allait nous arriver. Non seulement on aurait appris plus tôt où se situait l'Afghanistan mais on aurait peut-être changé le cours de l'histoire. Pourquoi faut-il toujours attendre que l'agenda de la com d'un acteur du showbizz coïncide avec le funeste calendrier des soubressauts de l'histoire? Peut-être parce que les principaux médias ont définitivement choisi d'utiliser l'information dans leur interminable course à l'audimat.

Et que pensez lorsque ce dimanche 22 mars 2015 à 8h30, la rédaction de France Info nous annonce en premier titre "le cambriolage de l'ex-maison du chanteur Tino Rossi"? Ce jour-là, l'annonce de la mort de 143 personnes dans un attentat au Yemen ne viendra qu'en quatrième position. Et qu'est-ce qui pourrait justifier que la prestigieuse Agence France Presse ne décompte sur sa dernière carte que les attentats islamistes qui, "en Irak, en Syrie, au pakistan et au Nigéria, ont fait plus de 40 morts"?  Notre vieille et malheureuse conception hiérarchique de la valeur des humains a sans doute fini par faire prendre conscience aux terroristes d'Al Qaïda et de Daech, qu'il valait mieux rater un attentat à Paris que d'enlever ou de tuer des milliers de civils à Kaboul, Bagdad ou Nairobi.

Même si la plupart des médias, davantage péoccupés par les records d'audimat que par la véritable information, ont leur part de responsabilité, il est du devoir de chacun d’entre nous de contribuer, d'une manière ou d'une autre, à briser la grande muraille qui sépare encore l’ici de l’ailleurs. N'est-il pas temps de comprendre que le millénaire dans lequel nous venons d'entrer fait de moins en moins de l'espace, une distance? Désormais l'indifférence occidentale pourrait bien se payer au prix fort.

En attendant la suite....

Nous attendons vos témoignages !!!