CHYPRE - Les articles

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Des pierres, un architecte, de l’eau et du ciment

Tous les murs qui divisent le monde sont avant tout constitués de pierres qui sont des communautés d’humains agglomérés autour d’une religion, d’une nation, d’une idéologie croisées un jour au gré d’une terre que l’histoire a trop souvent promises à d’autres. C’est ainsi que notre planète est parsemée de communautés qui cohabitent mais ne se connaissent pas, se cotoient mais ne fraternisent pas. Dans le meilleur des cas on retrouve, comme à Chypre, des églises en face des mosquées pour des fidèles qui, de façon générale, se tolèrent mais ne s’apprécient pas. En prenant bien soin de transmettre ces frontières, ils font grandir ces murs qui hantent nos têtes et qui font de chaque être le serviteur, parfois extrême, d’un univers que le temps tranforme en une planète, un continent, une île ou un rocher. Trop enfermée, même la plus belle des communautés devient un fossile de traditions résumés en une pierre.

Et quand l’heure sonne de réveiller les frontières, l’architecte trouve en chacune de ces pierres l’élément nécessaire. Dans certains cas, cet architecte peut être une tierse puissance qui s’invite, sous quelque prétexte, à donner un avis très imposant. C’est ainsi que l’URSS s’est attribuée le premier rôle à Berlin et en Corée.

En méditérrannée, ce sont trois puissances qui sont à l’origine du drame chypriote. En 1974, la Turquie, prenant le prétexte des ambitions de domination affichées par Athènes, occupe la partie nord de l’île de Chypre et donne à la Grande Bretagne l’opportunité de justifier sa souveraineté sur 5% du territoire de son ancienne colonie. Il lui suffit pour cela, au nom des Nations Unis, de construire et d’entretenir un mur d’une autre époque mentionné depuis longtemps sur ses plans.

Cette année-là, nos grands architectes scellent froidement les pierres le long de leur ligne verte. Les affrontement tragiques de 1974 entre les communautés chypriotes turques et grèques ont, avec la peur et la haine, apporté l’eau qui manquait au ciment de cette division immonde. Il ne restait plus qu’à laisser sécher vingt ou trente ans car, à Chypre comme en Corée, c’est le temps qui fait le reste.

Par Claude Pelopidas - Juin 2010-

 


 

"Les Chypriotes grecs sont favorables à la réunification mais pas à n'importe quel prix"

Entretien avec Yiannis E. Ioannou, président du département d'études françaises de l'université de Nicosie.

Photo_de_Jol_RumelloComment l'île de Chypre arrive-t-elle, au début des années soixante-dix, à une tension telle entre les communautés grecque et turque qu'elle aboutira à la partition, après des siècles de cohabitation ?

Pour comprendre, il faut d'abord préciser qu'à Chypre au début du XXe siècle, se forme un courant qui se rattache au mouvement de libération des territoires habités par des Grecs. Ces peuples manifestent alors le désir de s'intégrer à l'Etat grec, qui comme vous le savez est né de la révolution de 1821, menée contre les Ottomans. Lorsque ce désir rencontre, dans la seconde moitié du XXe siècle, le mouvement général de décolonisation, on voit apparaître un mouvement unioniste, qui demande à la fois le départ de la Grande-Bretagne et l'intégration à l'Etat grec, à l'image des îles de la mer Egée. C'est ce qu'on appelle l'Enosis. Dans les années cinquante, un référendum est même organisé et 96% de la population grecque se prononce en faveur de l'union avec la Grèce. Mais, dans le même temps, la Turquie encourage les Chypriotes d'origine turque à jouer un rôle dans la future solution du problème... Les Grecs optent finalement pour la lutte armée contre les Britanniques, ce qui en retour amène ces derniers à armer les Chypriotes turcs et à les utiliser contre les Grecs ! C'est là qu'éclatent les premiers conflits violents entre les deux communautés.

 

Que désirent les deux communautés, à l'époque ?

Elles poursuivent des objectifs très différents : les uns se battent pour l'union avec la Grèce, les autres pour la partition, ce qui leur permettrait d'avoir le contrôle d'un territoire proportionnel à la population d'origine turque. Des négociations s'ouvrent à la suite de ce conflit, auxquelles participent tous les pays concernés. La Grèce en tant que métropole des Grecs, la Turquie en tant que métropole des Turcs et la Grande-Bretagne en tant que puissance coloniale... Et on aboutit à un consensus qui est la création de la république de Chypre en 1959, en écartant la solution de l'union comme celle de la partition. Dans cette nouvelle république, les communautés participent à la vie institutionnelle à proportion de leur poids démographique. Les Grecs, qui représentent 80% de la population, ont environ 70% des postes dans la fonction publique et 60% dans l'armée et la police. Les Turcs, qui ne représentent que 18% de la population, ont le reste et sont donc sur-représentés. Les Chypriotes grecs, du moins une bonne partie, ont du coup le sentiment que cet arrangement est injuste et qu'il favorise les Turcs. Il faut dire que la création de cette république est ressentie, de part et d'autre, comme une solution imposée. Et, de chaque côté, certains vont continuer de lutter, pour l'union ou la partition... Ce qui est tragique, c'est que ces luttes sont du coup dirigées contre la république de Chypre elle-même.

 

Arrive le coup d'Etat de 1974, préparé des groupes nationalistes grecs avec le soutien des colonels d'Athènes...

Oui, mais il faut rappeler qu'après l'indépendance, des organisations secrètes avaient été créées des deux côtés. Côté chypriote grec, l'organisation la plus importante est l'EOKA B, créée par le général George Grivas, qui avait été le chef militaire de la révolte de 1955-1959. Entre 1967 et 1974, cette organisation est aidée par la junte militaire au pouvoir à Athènes, qui tient un discours très violent en faveur de l'union et contre l'archevêque Makarios (premier président de la République de Chypre, Ndlr). Cette organisation nationaliste d'extrême-droite, dont le but est l'Enosis, l'union avec la Grèce, va fomenter le coup d'état de 1974. Et ce coup d'Etat militaire, qui constitue une violation de la constitution de 1960, va donner à la Turquie le prétexte d'une intervention militaire sur l'île, sous couvert de protection des Chypriotes turcs... (Intervention légale, dans la mesure où la constitution de 1960 garantissait à la Grèce et à la Turquie le droit d'intervenir si besoin ; l'occupation ne l'est pas, Ndlr). Cette invasion va donc provoquer l'occupation de 37% du territoire de l'île, la déportation de toute la population grecque qui habitait dans le nord au sud et inversement pour les Chypriotes turcs. Le résultat, c'est donc une partition de facto et, pour la première fois, la séparation géographique de deux communautés qui vivaient ensemble depuis quatre siècles, très souvent dans des villages mixtes, les uns à côté des autres... Depuis 1974, à plusieurs reprises, il y a eu des négociations, sous l'égide de l'ONU et de la communauté internationale, pour tenter d'arriver à une solution du problème. Mais jusqu'en 2003, aucune de ces tentatives n'a été couronnée de succès.

 

2003, c'est l'année de l'ouverture des premiers points de passage entre partie grecque et partie nord. En 2004, l'ONU propose par la voix de Kofi Annan un plan de réconciliation mais il est repoussé par les Chypriotes grecs...

En 2004, dans la perspective de l'adhésion à part entière de l'île dans l'Union européenne, ces négociations ont en effet abouti au plan proposé par l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui a ensuite été soumis au référendum des deux côtés. Les Chypriotes grecs l'ont repoussé, pour des raisons très précises, alors que les Chypriotes turcs l'ont adopté. Il y a quatre points qui paraissaient très importants pour les Chypriotes grecs. Le premier, c'est que la Turquie gardait un droit d'intervention sur le territoire de la république de Chypre unifiée et les Chypriotes ne pouvaient pas l'accepter. Le deuxième point, c'était la trop longue période prévue pour le retrait des troupes turques et le retour des réfugiés, qui s'étalait sur vingt ans. Autre raison majeure, malgré l'adhésion de l'île à l'Union européenne, le plan prévoyait qu'un certain nombre de soldats grecs et turcs resteraient basés sur l'île, comme dans les accords de 1959. Ce n'est pas acceptable dans un Etat membre à part entière de l'union européenne. Il y avait aussi la peur, dans la population, que la Turquie ne tienne pas ses engagements après l'ouverture de négociations avec l'Union européenne. Et, ce qui est très important, le plan ne prévoyait pas non plus d'indemnisation réelle mais des promesses écrites qui ne se seraient concrétisées que cinq ou dix ans après. Les gens sont favorables à une solution, du moins la majorité, mais pas n'importe quelle solution et à n'importe quel prix...

 

L'échec du plan Annan a bloqué la recherche d'une solution pour plusieurs années...

Après le rejet du plan Annan, il y a eu une période assez dure, en effet. Les Chypriotes grecs ont dit non au plan Annan pour des raisons très précises mais le gouvernement d'alors en avait conclu qu'ils n'étaient pas favorable à la réunification. Mais depuis, les Chypriotes ont élu président de la République Demetris Christofias. Pendant la campagne électorale, il était intéressant de comparer les discours. Celui de M. Christofias était tourné vers l'avenir, il proposait des perspectives de négociations et soulignait la nécessité de trouver une solution parce que le statu quo constitue une menace non seulement pour la communauté chypriote grecque mais aussi pour les Chypriotes turcs. Il faut bien voir que le problème des colons turcs est très concret, réel et sans solution... Comment la partie nord de l'île peut-elle faire face à l'afflux de colons venus d'Anatolie et qui, très souvent, ont des différences culturelles très importantes avec les Chypriotes turcs ? L'élection de M. Christofias peut ainsi être interprétée comme la volonté des électeurs qu'on recherche une solution.

 

On a pourtant le sentiment que la société chypriote grecque pourrait aujourd'hui, majoritairement, se satisfaire du statu quo. Qu'en pensez-vous ?

Je ne dis pas qu'il n'y a pas un petit pourcentage de gens qui ne s'en satisferaient pas. Mais à mon avis, l'écrasante majorité ne considère pas le maintien du statu quo comme une solution acceptable à long terme. Et ce pour plusieurs raisons. D'abord, l'armée turque stationne à 500 mètres de la ligne de démarcation et c'est une armée très puissante. Deuxièmement, il y a le problème des colons dont nous venons de parler. Si aucune solution n'est trouvée, ils vont continuer à affluer et, à un moment donné, ils demanderont un espace vital, ce qui représentera une menace pour tous les Chypriotes, qu'ils soient grecs ou turcs. Tant qu'aucune solution ne sera trouvée, la colonisation se poursuivra et des turcs Anatoliens viendront s'installer et fonderont une famille ici...

 

Les autorités de la république chypriote incitent-elles la population à apprendre le turc ?

Depuis l'élection de M. Christofias, oui. Et je dois dire que M. Talat (président de la République de Chypre Nord, Ndlr) aussi a pris des dispositions du même type. C'est vrai que parler la même langue aiderait les communautés à se débarrasser d'un certain nombre de stéréotypes et aussi à comprendre les craintes de l'autre. Il faut réapprendre à vivre ensemble, à travailler ensemble pour effacer les années qui se sont écoulées depuis la partition de 1974. Je pense que ça sera difficile mais je ne pense pas que ça soit impossible. Dans chaque communauté, beaucoup de gens sont prêts à faire des efforts.

 

Par exemple ?

C'est vrai que cette bonne volonté ne s'exprime pas dans les sondages mais ça s'explique aussi par le fait que les gens n'ont pas pu toucher du doigt une avancée concrète qui soit issue des négociations. On discute par exemple beaucoup du point de passage de Limnitis. C'est une région très isolée, dont les habitants sont obligés de faire tout un détour pour aller à Nicosie. S'ils réussissent à l'ouvrir, la vie quotidienne de ses habitants pourrait changer considérablement. Si cela arrive, les gens vont voir qu'il est possible d'arriver à des résultats et l'opinion va évoluer. Prenez le point de passage de la rue Ledra, la rue la plus commerciale de Nicosie. Au début, il y a eu des réticences de certains groupes nationalistes mais aujourd'hui, la plupart des gens voient ça positivement, et beaucoup de gens vont voir leur amis de l'autre côté ou encore se faire des amis. Tout est possible. Aujourd'hui, en Turquie, j'ai l'impression qu'il y a un gouvernement résolument tourné vers l'Europe, qui veut que la Turquie fasse partie demain de la famille des Etats modernes. Mais l'armée, qui a historiquement un poids très important dans le pays, a son propre agenda. Et je crois que le problème de Chypre se joue à ce niveau-là, car il y a une opposition entre les vues du gouvernement et celles de l'armée. Vous savez comment fonctionnent les armées... Si elles ont gagné une bataille sur le terrain, elles ne sont pas prêtes à sacrifier cette réussite militaire simplement parce que les politiques en ont décidé ainsi. Beaucoup de Chypriotes grecs soutiennent le projet européen de la Turquie et il ne faut pas s'en étonner. Parce que ça changerait tout d'avoir une Turquie intégrée à l'Union européenne et qui saurait respecter tous les principes et les valeurs européennes ! Cette Turquie-là serait un pôle de stabilité dans la région et pourrait se débarrasser de ses ambitions expansionnistes, qui se sont manifestées à plusieurs reprises ces dernières années... A l'inverse, faute de l'avoir intégrée à l'Union européenne, on aura une Turquie complètement indépendante, comme un petit pirate dans la région.

 

Pourquoi y a-t-il une telle différence de niveau de vie entre partie grecque et partie turque, la première étant nettement plus prospère ?

La première raison, c'est que la soi-disant république turque de Chypre du Nord n'est pas reconnue par la communauté internationale parce qu'elle résulte d'une action militaire illégale. Et puisque la structure qui existe dans le nord est illégale, les Etats ne peuvent pas avoir de rapport avec elle. La partie sud, elle, est gérée par la république de Chypre, théoriquement souveraine sur toute l'île mais limitée à la partie sud du fait de l'occupation militaire du nord. Et contrairement au nord, elle peut commercer normalement. C'est la première explication de cette différence économique mais le fait est que la communauté turque était moins importante en nombre et qu'elle n'a pas su ou pas pu utiliser au mieux toutes les infrastructures dont elle s'est trouvée détentrice après 1974. Et puis les colons qui arrivent d'Anatolie ne sont pas qualifiés, ce sont des gens qui viennent à Chypre chercher du travail... Ceci dit, la différence de développement entre les deux parties de l'île est moins importante qu'avant. Mais il ne faut pas croire, comme le disent certains Chypriotes grecs, que la Turquie envoie ici ses "éléments les plus perturbateurs", c'est un mythe...

 

Les Anglais sont toujours souverains sur une partie du territoire de Chypre et y ont notamment deux bases militaires. Qu'en pensent les Chypriotes ?

Pour répondre clairement, c'est vécu de manière très négative, bien sûr. Mais la république de Chypre ne veut pas ouvrir ce débat tant que l'occupation turque du nord de l'île n'aura pas pris fin. L'Angleterre a joué un rôle très important dans l'histoire de Chypre et a souvent oeuvré dans le sens de la division (silence). Je pense que les positions des Anglais évoluent mais, ceci dit, avoir le contrôle dans cette région du monde, c'est quelque chose qui compte...

 

On dit d'ailleurs que le mal de Chypre, c'est sa situation géographique, vous êtes d'accord ?

Oui (sourire) mais j'y ajouterai beaucoup de choses. La guerre froide a beaucoup joué aussi, de même que la manière dont les communautés ont géré leurs propres affaires. On peut se trouver quelques excuses mais il faut reconnaître que les communautés grecque et turque n'ont pas su gérer l'indépendance et il s'est passé ce qui s'est passé. Et aujourd'hui encore, nous avons besoin d'un peu plus de maturité, il faut apprendre à tourner la page, à gérer nos affaires. Alors puisque les Britanniques sont là, il faut les obliger à nous aider, comme l'Union européenne et les Nations-Unies.

 

Ici, nous sommes aux portes du Moyen-Orient, en Israël aussi un mur s'est dressé...

C'est vrai, nous sommes dans une région très sensible et je voudrais maintenant que nous donnions le bon exemple au lieu d'être une référence en matière de division des peuples, que nous devenions un modèle positif. Les murs, nous n'en avons pas besoin, et continuer à en construire en 2009, c'est outrageant, c'est un outrage à la civilisation et chacun doit le percevoir comme tel. Ici, nous cherchons à le faire tomber, alors on ne peut pas accepter, en Israël comme ailleurs, qu'on continue à dresser entre les peuples des obstacles insurmontables.

 

Propos recueillis par Joël Rumello et Vincent Delpech



Pour en savoir plus


Une Capitale Divisée

http://www.peripleties.fr/chypre-nicosie/

Le Monde Diplomatique

https://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/chypre

Plus près de la réunification ? – 2015 -

http://fr.euronews.com/2015/04/19/chypre-plus-pres-de-la-reunification/

Une friche touristique à Chypre: la station fantôme de Varosia – 2014 -

http://mappemonde.mgm.fr/num31/lieux/lieux11301.html

Chypre coupée en deux par l'ultime mur d'Europe – 2013 -

http://www.ouest-france.fr/chypre-coupee-en-deux-par-lultime-mur-deurope-594811

La Zone tampon reprend vie sur l'île de Chypre – France Inter – 2013 -

http://www.franceinter.fr/emission-ailleurs-la-zone-tampon-reprend-vie-sur-l-ile-de-chypre

Lellouche: à Chypre, encore «un mur à abattre»

Le secrétaire d'Etat aux affaire européennes Pierre Lellouche a estimé que l'Europe devrait «en faire plus» contre la division de l'île - 07/11/2009 –

Libération

http://www.liberation.fr/monde/0101601789-lellouche-a-chypre-encore-un-mur-a-abattre

Chypre coupée en deux par l'ultime mur d'Europe - Novembre 2009

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Chypre-coupee-en-deux-par-l-ultime-mur-d-Europe-_3637-1143224_actu.Htm

À Chypre, la fin du mur de la honte

Publié le 03/04/2008  Le Point.fr

http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2008-04-03/a-chypre-la-fin-du-mur-de-la-honte/924/0/234881

Le mur divisant Chypre est tombé, les dissensions perdurent - Wikipedia

http://fr.wikinews.org/wiki/Le_mur_divisant_Chypre_est_tomb%C3%A9,_les_dissensions_perdurent

Un mur de lassitude

par Axel Gyldén, publié le 17/01/2002 - mis à jour le 06/02/2004

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/un-mur-de-lassitude_490875.html

Le cas de Chypre

ENA – 2002 -

http://www.ena.lu/chypre-dernier-mur-europe-monde-19-janvier-2002-010204076.html